De la campagne au développement faubourien
Longtemps, le secteur du futur quartier Voltaire s’est tenu bien loin de Paris. Durant tout la majorité du second millénaire, Paris s’arrêtait à la Bastille en laissant les champs et une campagne de maisons et de cloîtres à son pourtour. Les faubourgs se développent durant la seconde moitié du 17eme siècle, comme le faubourg Saint Antoine, à l’Est de Paris.
Le faubourg prend progressivement les trait d’un espace à peine urbanisé et peu dense aux portes de Paris. D’abord très campagnard, le faubourg se densifie progressivement en raison de sa proximité à la capitale Paris. Les artisans puis activités industrielles s’y développent.
Mais le faubourg ne doit pas concurrencer Paris et l’urbanisme y est contrôlé. Un règlement proscrit ainsi la construction au-delà d’un étage. En 1641, un confirme que les terrains sont constructibles uniquement sur 2 niveaux (RDC + 1 étage) afin de maintenir « la splendeur » de Paris et son attrait pour« les grands et les riches ».
Une place sur la route Paris-Vincennes
Le future quartier Voltaire garde lui des traits de campagne et accueille vignes, vergers et maraîchages. Sur la route royale allant de Paris à Vincennes, une place a été aménagé sous le cardinal Mazarin. Celle-ci affirme son dessin à mesure que le pouvoir Royal s’ettend, et le cours de Vincennes s’affirme comme la porte d’entrée Est de la ville de Paris. Un trône y est placé le 26 août 1660 pour saluer le retour du roi Louis XIV à Paris après son mariage avec Marie-Therese d’Autriche à Saint-Jean-de-Luz : il marque l’emplacement de ce qui sera la future place de la Nation, mais prend alors le nom de place du Trône. Un projet d’arc de triomphe majestueux est même initié en 1670 pour célébrer les victoires flandriennes de Louis XIV, mais sera abandonné quelques années plus tard.
Au 18eme siècle, le futur quartier Voltaire reste principalement rural et champêtre. D’après le Plan de Roussel de 1731, le quartier est occupé par un domaine appelé « La Chaumette ».
Le quartier Voltaire se situe dans un environnement rural délimité par la Rue de Montreuil au Sud, la rue de Charonne au Nord, la rue des Boulets à l’Ouest et les fortifications à l’Est.
Plan de Paris et ses environs en 1740 par l’Abbé Delagrive.
Mais Paris s’étend. Entre 1784 et 1790 apparaît une nouvelle enceinte à vocation fiscale : le mur des Fermiers Généraux. La place du Trône reçoit une barrière d’octroi flanquée de deux colonnes (elles ne recevront les statues de Saint-Louis et Philippe Auguste qu’en 1845). Ce mur participera à la montée du sentiment révolutionnaire qui éclatera en 1789 de ces mêmes faubourgs.
Hausmann et le percement des boulevards
Le faubourg qui donnera place au quartier Voltaire se transforme au milieu du 19ème siècle. Les construction s’implantent le long de la rue de Montreuil et de la rue de Charonne. Quelques bâtiments apparaissent rue des Boulets.
Le quartier évolue avec les grands travaux du baron Haussmann. Le boulevard du Prince Eugène est percé en 1857. Les travaux durent 5 ans et se font au prix de nombreuses destructions à travers le tissu faubourien. Le boulevard du Prince Eugène relie la place du Château d’Eau (ancien nom de la place de la République) à la place du Trône (ancien nom de la place de la nation). Son nom rend hommage à Eugène de Beauharnais, fils adoptif de Napoléon 1er et oncle de l’empereur. Le boulevard sera renommé Boulevard Voltaire en octobre 1870. Entre temps, l’avenue Philippe Auguste a été ouverte en 1868.
Concomitamment au percement des boulevards et avenues Haussmanniennes, Paris absorbé ses Faubourgs jusqu’à l’enceinte Thiers en 1860. Pour la 1ère fois, le futur quartier Voltaire devient parisien !
Belle époque : le développement du quartier Voltaire
Le futur secteur Voltaire, encore artisanal et rural, est désormais doté de grandes avenues propices à son développement. Des fabriques s’implantent et l’habitat résidentiel s’y développe. La place du trône est renommée en 1880 en place de la Nation et les faubourgs de l’est parisien continuent leurs mues après la révolution.
C’est le début de la belle époque et aussi de la structuration du quartier Voltaire. L’argent est disponible et bon marché, tout comme la main d’œuvre et les matières premières. Les nouveaux terrains intégrés à Paris sont bâtis par des particuliers. Les projets sont parfois initiés par la ville de Paris qui rachète aussi des terrains de maraîchers. Les conditions économiques et la qualité de la main d’œuvre permettent le développements d’immeubles soignés, avec de belles façades en pierre sculptées et des décors en plâtre dans les appartements.
La place de la Nation reçoit la sculpture centrale rendant hommage à la République un siècle après la révolution française et prend son nom définitif le 14 juillet 1880. La rue Voltaire est créée en 1883 (la rue Alexandre Dumas en 1873 et la Cité du Prince Eugène – future Cité Voltaire – a déjà vue le jour peu avant. Le quartier Voltaire se dote dans la décennie de jolis immeubles en lieu et place d’activités agricoles, industrielles et artisanales. La quartier Voltaire accueille notamment un Asile et une Ecole de Filles, là où se trouve l’actuelle école élémentaire Voltaire.
En quelques années, le quartier Voltaire s’est transformé. Le quartier abrite une majorité d’immeubles d’habitations R+4 et R+5 sur un Rez-de-chaussée commercial ou artisanal à la place des anciens vergers et champs.
Les habitants ont ainsi accès à de nombreux services. On devine également sur la photo ci-dessus une jolie rue calme et pavée (ceux-ci sont toujours sous le bitume qui recouvre maintenant la voie hélas ouverte au trafic).
Le Boulevard Voltaire est lui une avenue commerçante ou le Tramway côtoie les fiacres.
Il en est de même du côté Philippe Auguste
Quelques vielles maisons subsistent encore, comme le montre la photo ci-dessous de l’angle de la rue Alexandre Dumas et de l’avenue Philippe Auguste (1910).
Mais elles seront progressivement remplacées par des immeubles R+4 et R+5 ou des industries.
L’arrivée du métro Rue des Boulets
En 1933, la qualité de vie dans le quartier continue de progresser : la station de métro de la ligne 9 est inaugurée le 10 décembre 1933. Elle porte alors le nom des rues à proximité : station Rue des Boulets – Rue de Montreuil.
La station sera ensuite simplifié en Boulets – Montreuil, puis Rue des Boulets en 1998 pour éviter al confusion avec la ville de Montreuil.
Pourquoi y a il un établissement « au cadran Voltaire » de ce nom? y a t il un rapport avec un cadran solaire (comme quelques autres dans Paris?) ? De son ancien nom Au cadran du 11ème.
Probablement lié à un ancien cadran solaire, comme plusieurs bars de Paris.